Chine - oiserie
Il y a déjà 2 semaines j'assistais au mariage d'amis en Vendée.
Vous n'aurez pas droit au récit du mariage (très sympa au demeurant, mariée ravissante, temps splendide, amis nombreux...), mais au lendemain !
Car sur la route du retour nous nous sommes arrêtés là :
L'affiche date un peu... mais 20 ans après, elle parle d'elle même de ce que j'ai rapporté de cette brocante...
ça...
Qu'est-ce que c'est?
Des menus ou porte menus illustrés par un artiste angevin, Jean-Adrien Mercier, sur le thème des chansons françaises, des poètes... On les trouvaient sur le France dans les années 1950.
Outre l'aspect toujours un peu étonnant d'un menu qui date, ces menus ont la particularité d'être d'une taille tout à fait adaptée pour l'encadrement.
Sans doute connaissez-vous de lui ses illustrations de chansons enfantines ou de contes de fée ?
Peau d'Ane, la robe couleur de lune
Ces illustrations me font rêver depuis déjà longtemps et je collecte tout ce que je peux trouver de Mercier... ou presque !
(et dans la mesure du raisonnable évidemment !). Elles sont fines, délicates, et sont comme intimement liées à mon imaginaire des fées et autres princesses... rêveuse que je suis !
Au risque de doubler une présentation qu'aurait pu faire madame Ciboulette...
voici donc quelques éléments sur Mercier, dont je voulais vous parler depuis longtemps.
Né dans une famille d'artistes à Angers en 1899 ; Jean-Adrien Mercier rentre à l'école des beaux-arts d'Angers en 1920, peignant les bords de Loire. Il intègre ensuite l'école nationale supérieure des Arts décoratifs de Paris et l'école Estienne, où il apprendra les techniques d'imprimerie, la gravure sur bois, l'eau-forte et la lithographie. Quand il en sort, en 1923, le jeune Angevin maîtrise les techniques de l’illustration et de la conception d’affiches, un art mineur auquel il donnera toutes ses lettres de noblesse.
Remportant le concours d'affiche de la foire-exposition d'Angers en 1924, il va débuter une carrière d'affichiste célèbre et travailler pour Cointreau, la biscuiterie LU, le chocolat Meunier, les galettes St Michel, le champagne Castellane... Il réalise aussi des affiches de cinéma très remarquées et les plus grands producteurs et metteurs en scène de l'époque font appel à lui : René Clair, Abel Gance, Sacha Guitry, Jean Renoir... Ces affiches sont encore d'actualité aujourd'hui, avec des couleurs toniques en larges aplats et un style qui se veut beaucoup plus créatif que commercial, apportant rêve et bonheur.
Le style de Jean-Adrien Mercier est raffiné et percutant. Aujourd’hui, il influence le goût « Marie-Antoinette » mis en valeur par l’esthétique du film de Sofia Coppola . Au sens décoratif s’ajoute un sens de l’accroche : il superpose le texte à l’image pour le valoriser dans une mise en scène colorée qui flatte le regard et l’esprit.
Jean-Adrien Mercier est aussi aquarelliste de talent et réalise de nombreuses illustrations pour l'édition nantaise. Il va ainsi illustrer « les vielles chansons françaises », « la chatte » de Colette ou encore « les nuits » de Musset. Avec toujours ce même soucis de la couleur éclatante, d'où son surnom de « peintre du bonheur ».
Cadet Rousselle
De 1945 à 1947, il séjourne aux Etats-Unis où il rencontre Walt Disney et de riches commanditaires qui le rendront célèbre outre-atlantique. Mais sa devise restera toujours « Où que je sois, je suis ancré en Loire »
Dans la dernière partie de sa vie, Jean-Adrien Mercier habille les menus de la French Line du France pour la Compagnie Générale Transatlantique sur le thème de nos vieilles chansons françaises : « Maman les Ptits Bateaux », « Sur le pont d’Avignon », « Au clair de la lune »...
Riche d’une imagination sensible et onirique, il parvient à mettre en image le sentiment de la chanson plus encore que la chanson elle-même, rouvrant par magie les portes de mondes enfouis dans nos lointains souvenirs, peuplés de fées, de naïades, d’arlequins et de princes.
Pas étonnant que Walt Disney ait figuré parmi ses plus grands admirateurs !
Ce post m'aura permis de me renseigner sur les cotes de Mercier... et moi qui estimait n'avoir pas tellement fait une affaire, je suis plutôt satisfaite de mon coup... et encore plus d'avoir acheté chez Emmaüs cet hiver un petit album de chansons enfantines illustrées par lui... pour 1€ !