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Dimanche 15 août, c'est l'heure de la sieste, il fait beau, le soleil cogne, le silence règne...

Les vacances ?

La réalité est toute autre,

On est le 15 août,

à Lourdes,

sur l'esplanade.

Il est 14h30...

Trois heures avant 30 000 personnes étaient rassemblées là, sur l'herbe, autour d'un autel.

Malades et bien portants, français, italiens, espagnols, venus du monde entier, célébraient l'Assomption de la Vierge Marie.

L'absence de Magnificat et l'envoi un peu rapide n'auront été remarqués que par quelques habitués.

La foule qui se presse pour sortir du sanctuaire ne s'aperçoit pas de la présence de pompiers et forces de l'ordre aux grilles.

D'ailleurs, la foule est si nombreuse, n'est-ce pas normal?

Ce sont les hospitaliers pressés de repren dre leur service qui les premiers s'aperçoivent que l'accès au sanctuaire n'est plus possible.

ALERTE A LA BOMBE

La nouvelle se répand à toute vitesse, surtout parmi les hospitaliers en service à l'Accueil Notre-Dame, (accueil pour les malades à l'intérieur du sanctuaire),  qui ne peuvent pas prendre leur service... et donc relayer ceux qui n'ont pas déjeuné encore.

Les appels ennuyés se succèdent, les tentatives se multiplient pour passer par d'autres accès. Devant les grilles fermées les fidèles se pressent. Renseignés par les dépêches de la presse les pélerins commencent à s'inquiéter. Le silence succède au brouhaha des murmures d'agacements, rires, et mauvaises blagues.

Un appel anonyme a signalé que quatre bombes exploseraient à 15h.

Les piscines ont été évacuées, puis la "popote" ("cantine" des hospitaliers). Dans l'accueil Notre-Dame les malades ont été rassemblés et sont tenus loin des fenêtres. Les équipes de réfectoire suppléent aux hospitaliers qui sont dehors. Les groupes s'animent, chantent... Quelques hospitaliers ont été réquisitionnés et sont formés par les secours au cas où l'évacuation des malades s'imposerait. Aux différentes portes les chapelets sortent des poches et un lent murmure s'élève.

15h30 : aucune explosion n'a été entendue, le bruit court que certaines des bombes ont été trouvées.

Devant la grotte vide une silhouette blanche est debout. C'est l'évêque de Lourdes qui prie pour la France et récite le chapelet. Des marches qui montent à la chapelle du Carmel on voit le sanctuaire, si vide, si silencieux. On voit la grotte, et on entend cette voix qui s'élève : Je vous salue Marie... une poignée de pélerins, d'hospitaliers, sont présents et répondent à distance à la prière de l'évêque.

16h30 : les grilles du sanctuaire sont ouvertes. Tout le monde se prépare pour la procession du Saint Sacrement. On nous presse de sortir rapidement... et tous. Une mini évacuation de l'Accueil Notre-Dame en quelque sorte qui va permettre une inspection discrète des lieux.

17h : Les trompettes sonnent, les chants résonnent comme un immense cri de joie.

JUBILATE DEO !   JUBILATE OMNIS TERRA !   JUBILATE DEO !

10 000 personnes devant la grotte,

25 à 30 000 dans le reste du sanctuaire,

la foule bigarrée d'hommes et de femmes venus de toute la terre pour fêter la Reine du Ciel est là, comme chaque année, comme si rien ne s'était passé... ou plutôt comme si rien ne pouvait ébranler leur confiance, leur foi, leur espérance en celle qui peut tout.

Mauvaise blague ? Fausse alerte ? Menace ?

Une chose est certaine, la peur ne fait pas fuir les fidèles... elle les fait courir dans les bras de Celui qui est la vie.